“Excellence,
Je me plais à espérer que l’accord conclu entre le Gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie et le Gouvernement de la République Française en vue de réaliser une paix définitive et durable aura pour conséquence de rétablir et de consolider les relations étroites qui ont existé dans le passé entre les deux nations, le Gouvernement de la République Française s’efforçant de résoudre dans un esprit de cordiale entente toutes les questions ayant à trait à l’indépendance et à la souveraineté de la Turquie.”
“ Le Gouvernement de la République Française et le Gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie désireux de conclure un accord entre les deux pays... ”
“ Les Hautes Parties Contractantes déclarent que dès la signature du présent accord l’état de guerre cessera entre elle ; ... ”
“ Article IX
Le tombeau de Suleiman Chah, le grand-père du Sultan Osman, fondateur de la dynastie ottomane (tombeau connu sous le nom de Turc-Mezari) situé à Djaber-Kalessi restera, avec ses dépendances, la propriété de la Turquie, qui pourra y maintenir des gardiens et y hisser le drapeau turc.”
Comme l’écrit Yusuf Kemal Bey dans sa lettre du 28 octobre 1921, cet accord eut pour but de « rétablir et consolider les relations étroites qui ont existé par le passé entre les deux nations ».
Avec l’Accord d’Ankara, malgré les tourments de la Première Guerre mondiale, la France et la Turquie pouvaient enfin renouer le fil de leur amitié multiséculaire.
Le Gazi Mustafa Kemal, Henry Franklin Bouillon, Ismet Pacha et Yusuf Kemal Bey à Ataşehir en avril 1922
Le Gazi Mustafa Kemal et Henry Franklin Bouillon à Ankara
en octobre 1921
Arrivé à Angora le 9 juin 1921, Henry Franklin-Bouillon, le négociateur français, sut rapidement nouer des relations d’amitié et de respect avec le Gazi Mustafa Kemal et son Ministre des Affaires extérieures Yusuf Kemal Bey. Cinq mois plus tard, l’Accord mettait fin à un état de guerre qui avait duré pendant presque sept ans.
La France ouvrait ainsi la voie à la reconnaissance internationale de la Turquie nouvelle. Par le Traité de Lausanne (24 juillet 1923), les Puissances alliées reconnurent la légitimité du Gouvernemet de Mustafa Kemal. La République de Turquie naquît le 29 octobre 1923
L'Etat-major du général Julien Dufieux, commandant de la 156ème Division, ou "Armée de Cilicie" en 1920
La voie d’une « paix brave » fut ouverte par la reconnaissance par l’opinion publique française de la légitimité du Mouvement national turc et son incompréhension devant les pertes humaines et financières engendrées par la Campagne de Cilicie conduite par l’armée du général Gouraud. La résistance des populations fit beaucoup pour cette prise de conscience : Şanlı (courage) Urfa et Gazi (victorieuse) Antep furent renommées pour rendre hommage à leur héroïsme.
Alors que l’Entente ne reconnaissait auparavant que le gouvernement du Sultan Mehmet VI, les gouvernements de Georges Clemenceau (1917-1920) puis d’Aristide Briand (1921-1922) décidèrent de conclure une paix séparée avec le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie.
Les soldats français à Tarse en 1919
Cet accord signé le 20 octobre 1921 par le Ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie Yusuf Kemal (Tengirşenk) et l’envoyé spécial du gouvernement français Henry Franklin-Bouillon mit fin immédiatement à l’état de guerre entre la France et le Gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie. Il entérinait la renonciation par la France à la « zone d’influence » de Cilicie qu’elle avait obtenue par le Traité de Sèvres (10 août 1920), conformément aux Accords Sykes-Picot de 1916.
Mustafa Kemal et Henry Franklin Bouillon à Ankara en juin 1921
Accord d’Angora : nouveau départ pour l’amitié franco-turque [1]
Il y a quatre-vingt dix ans, avec l’Accord d’Angora, ou Accord Franklin-Bouillon, la France était la première puissance de l’Entente à reconnaître le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie, dirigé par son président Mustafa Kemal ainsi que la validité du Pacte national.
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